A Avignon, , 1758-1760.
8 parties en 6 volumes in-12, veau havane marbré, dos lisse orné, pièces de titre en maroquin rouge et de tomaison en maroquin bleu, tranches rouges (reliure de l’époque).
Le Marquis de Mirabeau publia en 1756 cet ouvrage dont le titre devait faire fortune au point de devenir le sobriquet de celui qui l’avait composé : L’Ami des hommes, recueil d’essais qui préfigure les physiocrates ; il dit, dans son avertissement, qu’il a rassemblé « des morceaux épars et négligés qu’il avait laissés couler de sa plume ». La thèse fondamentale de L’Ami des hommes, est que la population est la source de toute richesse ; l’auteur se propose de démontrer l’utilité d’une population nombreuse et aisée. Mais l’ouvrage comporte aussi un éloge de l’agriculture, art par excellence, et une théorie de la liberté du commerce. On y trouve aussi des propositions de réforme sociale : le Marquis de Mirabeau est un adepte du travail obligatoire pour tous. Un ton à la fois prophétique et familier fit le succès du livre, l’auteur étant parvenu à dire au moment convenable ce que tout le monde pensait plus ou moins. Les souverains d’Europe consultèrent celui que l’on n’appelait plus que « l’ami des hommes » et le docteur Quesnay, médecin de Madame de Pompadour et chef d’école des physiocrates, séduit par l’ouvrage, le rallia à sa cause. Le frontispice gravé par Fessard d’après Meltay illustre, suite à l’apostrophe insolente de l’auteur : « Votre Majesté n’a-t-elle jamais pensé que l’air impératif et dédaigneux qu’on donne à ses statues est ou puéril ou fâcheux ? », sa proposition d’ériger une statue du roi « tendant les mains à une populace empressée, la regardant avec des yeux de père, & lui distribuant (ses) trésors, & qu’on lise en inscription au-dessous : Louis élevé pour mieux voir les besoins de son peuple ». Six tableaux repliés. L’exemplaire est formé de l’édition d’Avignon de 1762 pour les cinq premières parties (la première et la troisième parties sont datées de 1758 ; la seconde 1762 ; la quatrième partie est datée de 1759 et la cinquième de 1761) et pour les trois dernières parties, de l’édition de Hambourg de 1760, qui comprend, de plus que l’édition française la Lettre d’un ingénieur de Province à un inspecteur des Ponts et Chaussées. Tchemerzine-Scheler IV, p. 750 ; Coquelin et Guillaumin II, 190 ; Higgs, 1143n ; Kress, 5736.